Lettre ouverte à Vincent Peillon sur la place des Sciences Economiques et Sociales en classe de seconde « Les SES méritent mieux que lexploration »
Monsieur le Ministre,
Près de 3 ans après la mise en place de la nouvelle réforme du lycée, il est possible den dresser un premier bilan pour les Sciences Economiques et Sociales en classe de seconde. Ainsi, près de 85% des élèves ont choisi cet enseignement. Il sagit certes dun progrès incontestable.
Nombre de lycéens sinterrogent sur la crise économique et financière, sur les moyens de lutter contre le chômage, sur la compétitivité des entreprises, sur le mariage pour tous ou encore sur légalité femmes-hommes. Les sciences sociales et humaines économie, sociologie, science politique, histoire et anthropologie notamment contribuent à répondre à ces interrogations. Par les concepts, connaissances et méthodes qui leurs sont propres, elles concourent à éclairer ces grands enjeux contemporains, et permettent aux élèves de progresser dans la construction de leur citoyenneté.
Il convient cependant de sinterroger sur les conditions réelles dapprentissage des élèves pour ce qui nest aujourdhui quun « enseignement dexploration » réduit à 90 minutes par semaine, le plus souvent en classe entière et où la notation est parfois interdite. Comment fournir un enseignement de qualité dans de telles conditions ? Parce que les Sciences Economiques et Sociales sont absentes du collège, et ne pourront pas être suivies par la majorité des élèves ensuite, il nous semble nécessaire quelles aient une place revalorisée en classe de seconde.
Aussi nous demandons que les Sciences Economiques et Sociales soient intégrées aux enseignements de tronc commun, avec un horaire décent et des groupes à effectif réduit, afin que les lycéens puissent sinitier de manière rigoureuse à des sciences sociales si nécessaires aujourdhui pour décrypter le monde dans lequel ils évoluent.
PREMIERS SIGNATAIRES
Philippe ASKENAZY (Economiste, Ecole dEconomie de Paris),
Christian BAUDELOT (Sociologue à lEcole Normale Supérieure),
Stéphane BEAUD (Professeur de sociologie à lEcole Normale Supérieure),
Gilbert CETTE (Professeur déconomie associé à lUniversité dAix-Marseille),
Daniel COHEN (Professeur à lEcole normale supérieure, vice-président de lEcole dEconomie de Paris),
Philippe COULANGEON (Sociologue, directeur de recherche au CNRS),
Yves DELOYE (Secrétaire général de lAssociation française de science politique),
Didier DEMAZIERE (Sociologue, directeur de recherche au CNRS, Centre de sociologie des organisations),
François DUBET (Sociologue, Université de Bordeaux, EHESS),
Julien FRETEL (Professeur des universités en Science politique),
Marjorie GALY (professeure de SES, présidente de lAPSES),
Jérôme GAUTIER (Economiste, Professeur à luniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne, rapporteur dans la commission dirigée par Roger Guesnerie),
Maurice GODELIER (Anthropologue, médaille dor du CNRS),
Françoise HERITIER (Anthropologue, professeur honoraire au Collège de France et à lEHESS),
Erwan LE NADER (professeur de SES, vice-président de lAPSES),
Rémi LEFEBVRE (Professeur de science politique à luniversité Lille 2),
Hubert KEMPF (Professeur à lENS de Cachan, membre de lEcole dEconomie de Paris et de lInstitut universitaire de France, ancien président de lAFSE Association française de science économique),
Bernard LAHIRE (Professeur de sociologie à lENS de Lyon),
Nonna MAYER (Présidente de lAFSP - Association française de science politique),
Philippe MEIRIEU (Professeur en sciences de léducation à luniversité Lumière-Lyon 2),
Frédéric NEYRAT (Sociologue, ancien professeur de sciences économiques et sociales),
André ORLEAN (Directeur de recherches au CNRS, Président de lAFEP - Association Française dEconomie Politique),
Bruno PALIER (Directeur de recherche du CNRS au Centre détudes européennes de Sciences Po),
Camille PEUGNY (Sociologue, maître de conférences à Paris 8),
Thomas PIKETTY (Directeur détudes à lEHESS et Professeur à lEcole déconomie de Paris),
Pierre ROSANVALLON (Professeur au Collège de France),
Frédéric SAWICKI (Professeur de science politique à lUniversité Paris I),
Henri STERDYNIAK (Economiste, Sciences Po Paris),
Marie-Claire VILLEVAL (Economiste, CNRS, directrice du GATE Lyon St Etienne)