L'APSES Toulouse a mené une enquête sur la mise en œuvre de l'enseignement d'exploration SES et ses conséquences sur les pratiques pédagogiques. Un quart des professeurs de Sciences Économiques et Sociales de l'académie ont pris le temps de répondre. Nous vous en livrons ici les principaux résultats. L'étude complète peut être téléchargée ici.
Un manque de temps et une dégradation des conditions de travail
La réforme de la classe de seconde a entraîné à la fois une diminution du volume horaire accordé aux Sciences Economiques et Sociales et une augmentation du nombre d’élèves qui suivent cet enseignement. En conséquence, de nombreux collègues ont vu leur charge de travail en seconde augmenter : 40 % des répondants ont la charge de plus de 4 groupes de SES.
De plus, la disparition du cadre national pour les heures dédoublées se traduit par une hétérogénéité croissante entre établissements. Alors qu’un cinquième des répondants bénéficient d’une heure trente entièrement dédoublée ou à faible effectif, 43 % d’entre eux n’obtiennent aucun dédoublement.
La diminution d’une heure de l’horaire, associée à la mise en place d’un nouveau programme que les collègues n’ont pas eu le temps de s’approprier est source de malaise chez les enseignants : dans les questions ouvertes de l’enquête, ils évoquent massivement le manque de temps pour traiter les questions, et l’associent à une dégradation de leurs conditions de travail et de la qualité de leur enseignement.
A peine un répondant sur deux a mis en place une planification de son année en vue de traiter huit questions sur les dix que compte le programme. Au moment de l’enquête, qui se déroule relativement tôt dans l’année scolaire, un quart des répondants pensent déjà qu’ils traiteront moins de huit questions.
Le nouveau programme de seconde trouve peu de défenseurs chez les professeurs de SES. Les commentaires mettent plutôt l’accent sur le caractère irréaliste et fastidieux des prescriptions qui visent à le rapprocher des pratiques des universitaires. D’ailleurs, les questions de ce programme qui sont formulées de la façon la plus « savante » apparaissent moins attractives que les autres aux yeux des enseignants : un tiers des répondants, qui considèrent sans doute que le débat entre néoclassiques et keynésiens n’est pas l’angle d’attaque le plus intéressant, envisagent de ne pas traiter « Le chômage, des coûts salariaux trop élevés ou une insuffisance de la demande ? ». De même, la moitié d’entre eux pense laisser de côté « La pollution : comment remédier aux limites du marché ? ».
Le manque de temps, mais aussi l’excessive complexité de ces questions pour des élèves de seconde sont invoqués à l’appui de ce choix (respectivement par 77 % et 44 % des répondants, qui pouvaient cocher plusieurs réponses.)
Des pratiques pédagogiques bousculées, notamment en cas d’absence de dédoublements
L’enquête tente de percevoir les conséquences de la réforme du lycée sur les pratiques pédagogiques mises en œuvre en classe de seconde. Le travail sur un dossier documentaire et les exercices dirigés en classe apparaissent comme des pratiques massives. Une moitié des répondants affirme recourir au cours magistral.
73 % des répondants indiquent que la mise en place de l’enseignement d’exploration de SES les a conduits à modifier leurs pratiques pédagogiques. C’est notamment le cas pour ceux qui ne bénéficient pas de dédoublements.
Certains collègues indiquent avoir introduit de nouvelles pratiques pédagogiques dans leur enseignement : 17 % d’entre eux ont davantage recours au cours magistral pour faire face au manque de temps et à la plus faible mobilisation moyenne des élèves. La réforme a aussi poussé certains collègues à mettre en œuvre une démarche de travail par compétences.
Plus de 60 % de ceux qui ont ressenti le besoin de modifier leurs pratiques pédagogiques ont dû renoncer à certaines pratiques pédagogiques. Sont notamment touchées les activités en salle informatique, l’organisation de débats et les revues de presse.
L’attachement à une évaluation chiffrée
La crainte, plusieurs fois exprimée, d’une dévalorisation de la série ES, et le constat d’un moindre investissement des élèves dans un cours qui conserve un simple statut d’enseignement d’exploration conduisent enfin la très grande majorité des répondants à privilégier une notation chiffrée en fin de trimestre
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